Observatoire de l’Aigoual
113e Congrès du Club Cévenol
C’était le 31 août et le 1er septembre 2013
Le Club Cévenol a tenu son 113e congrès à l’Observatoire du Mont Aigoual les 31 août et 1er septembre en présence de nombreux élus et sous la présidence de Patrick Cabanel. En introduisant l’assemblée générale et après avoir souhaité la bienvenue aux 120 participants, ce dernier évoque la «Montagne Sacrée» d’André Chamson et la route qui monte au sommet de l’Aigoual en partant de Cabrillac, route dont le Club Cévenol fut à l’origine à la fois pour son tracé et son ouverture. Elle porte le nom de Paul Arnal, le fondateur du Club Cévenol, et elle fut inaugurée le 15 août 1933.
Pat Valette, Olivier Gauch, Christian Rebotier, Patrick Cabanel, Martin Delord, Yves Durand, Jean-Luc Bonniol- Photo : Pierre Valette
Monsieur Eric Diot, technicien à Météosite, souhaite la bienvenue à l’assistance et présente l’observatoire.
L’observatoire du Mont Aigoual est construit entre 1888 et 1894 sous la direction d’un ingénieur des Eaux et Forêts, M. Georges Fabre.
Les deux raisons principales à sa création sont : la nécessité, à la fin du XIXe siècle, de recueillir des informations sur l’évolution du temps en altitude et les conséquences de cette évolution sur le temps en plaine et vallée ; la connaissance et la prévention des intempéries (ce que l’on peut désigner par «micro-climat») propres au massif de l’Aigoual (vents forts, pluies ou neiges fortes).
Sa destination, à l’époque, concerne l’observation météorologique ainsi que le logement des gardes-forestiers qui participent au reboisement du massif de l’Aigoual. Depuis 1894, des relevés météorologiques quotidiens sont effectués sur le site, relevés que nous poursuivons actuellement (température, pression, humidité, précipitations, vitesse et direction du vent, type de nuages etc.…).
Aujourd’hui, nous sommes quatre techniciens d’exploitation de la météorologie, un ouvrier d’Etat, une femme de ménage et une employée de la Communauté des Communes de l’Aigoual à travailler sur le site. Depuis 2010, les portes du bâtiment sont fermées les week-ends durant la période hivernale. Nous restons au sommet entre 4 et 8 jours d’affilée par équipes de deux ou trois personnes (un ouvrier et un météo en général) ; les journées débutent à 5h45 et se terminent à 18h45. Nous ne sommes jamais seuls, pour des raisons de sécurité. C’est donc une vie en petite communauté, où l’isolement se ressent parfois fortement en hiver, et contrairement à une idée reçue, nous ne nous y ennuyons pas. Chacun participe aux tâches quotidiennes de ménage et de préparation des repas (certains sont spécialistes en spaghettis et d’autres en gibier…), il n’y a pas de tour imposé, une bonne entente entre tous est primordiale, mieux vaut être sociable lorsqu’on se retrouve à deux, coincés dans le brouillard pendant une semaine….
Après chaque vacation, nous bénéficions d’au moins une semaine de récupération à notre domicile. Nous sommes les seuls à Météo France à travailler de cette manière en métropole, dans ce que l’on appelle une «base vie».
Actuellement, la plus grande partie de notre travail est liée à l’exposition-musée ; c’est en effet devenu la tâche principale de notre métier depuis le premier janvier 2010. Celle-ci est ouverte aux visiteurs tous les jours du 1er mai au 30 septembre. Elle est gratuite. En dehors de ces périodes d’ouverture, nous acceptons les groupes entre début avril et fin octobre, en fonction de nos disponibilités et des conditions d’accès à l’observatoire.
C’est grâce à cette exposition que l’observatoire est encore en vie. Nous nous attachons donc à la rendre la plus conviviale et attractive possible, en renouvelant partiellement son contenu lors de sa fermeture hivernale.
Durant la période estivale, le personnel de service est présent dans l’exposition afin de répondre aux nombreuses questions et d’expliquer le pourquoi-comment de la science météorologique. Tous les instruments que nous utilisons sont exposés, le public peut donc suivre notre travail, découvrir les images satellites, nos moyens d’investigation afin d’élaborer les prévisions.
Nous proposons également des journées pédagogiques pour les écoles, collèges et lycées, avec une visite approfondie de l’exposition le matin et la confection de panneaux, d’instruments de mesures ou de maquettes l’après midi.
En juillet et août, nous accueillons des groupes de 8 personnes sur 2 à 3 heures de temps dans le cadre des «ateliers de la prévision». Les intéressés découvrent ainsi les méthodes qui nous permettent de prévoir le temps à venir et élaborent un bulletin de prévision sur le massif de l’Aigoual. Enfin, de nombreux conférenciers de Météo France interviennent les week-ends autour de thématiques spécifiques: les satellites, le réchauffement climatique, les intempéries cévenoles etc. ….
L’entretien et l’aménagement intérieur du bâtiment sont à la charge des ouvriers d’Etat, parfois aidés par les météorologistes : électricité, peinture, béton, carrelage, menuiseries, informatique etc.… au vu de la surface (plus de 1000 m²), il y a du travail… ils gèrent également le bon fonctionnement des stations automatiques météo dans un périmètre de 25 km.
Entre 1992 et 1993, une campagne de tests anémométriques fut menée au sommet sous l’égide de l’Organisation Mondiale de la Météorologie. Plusieurs pays étaient représentés dans le but de déterminer l’instrument le plus fiable dans des conditions extrêmes de vent et de givrage. Depuis cette date, nous testons la tenue d’instruments météorologiques ou industriels en extérieur et centralisons les informations dans une salle aménagée à cet effet (test d’anémomètres, de pluviomètres, de caméras de vidéosurveillance, d’étanchéité de coffrets électriques, de transmission de faisceaux hertziens, étude du givrage…). Dès qu’un disfonctionnement se manifeste sur un système testé, nous observons et notons les conditions météorologiques au moment du problème.
Enfin, nous nous impliquons toujours dans les tâches météorologiques et climatologiques, nettement réduites, il est vrai, depuis début 2010. Ces tâches consistent en la vérification et la correction des données relevées automatiquement. De nombreuses mesures de précipitations, notamment en cas de vent violent – les flocons et la pluie ne rentrent alors que très peu dans le pluviomètre – sont erronées et nécessitent d’être corrigées. Nous relevons également quotidiennement les occurrences des phénomènes (neige, brouillard, verglas, grêle, orage etc. …), l’épaisseur du manteau neigeux, déneigeons ou dégivrons les instruments de mesure lors des fortes intempéries. Un bulletin de prévision sur le massif de l’Aigoual et 25 km à la ronde est rédigé tous les jours, dans un but touristique. En cas de forte pluie (ou neige) ou d’épisodes de vent violent, des informations spéciales très fines sont transmises en direct aux services de la sécurité civile. En effet, le massif de l’Aigoual est la source de nombreux fleuves ou rivières à caractère impétueux, s’écoulant aussi bien vers l’Atlantique que vers la Méditerranée.
Eric Diot accueille les congressistes. -Photo : Jean PEY.
Voici quelques chiffres représentatifs du climat au sommet. Le vent : record plus de 300km/h en rafale ; 270 jours par an en moyenne avec vent fort (plus de 60km/h) ; 90 jours par an avec vent violent (plus de 100km/h) ; en moyenne, le vent dépasse une fois 200km/h en pointe chaque année. La pluie : record en 24 heures, plus de 600 litres d’eau par m² en février 1964 (ce qu’il tombe à Paris en une année) ; record en 1 mois, 1239 litres d’eau par m² ; record en 1 an, 4013 litres d’eau par m². Cumul de neige : record en 1 jour, 1m86 (16-17 février 1976) ; record en 1 an, chute de 10m39 en hiver 1995-1996. Brouillard : 250 jours par an en moyenne.
Malgré ce climat et les menaces successives de fermetures depuis 50 ans, l’observatoire est toujours en vie, habité par des équipes qui souhaitent avec ferveur préserver ce lieu atypique, y maintenir des activités scientifiques et transmettre leurs connaissances au plus grand nombre.
Christian Rebotier, président de la section de Saint-Jean-du-Gard et organisateur des deux jours du congrès, souhaite à son tour la bienvenue aux membres du Club Cévenol. Il rappelle que c’est le 5e congrès organisé au Mont Aigoual, le premier ayant eu lieu le 15 août 1896 dans ce même observatoire inauguré exactement deux ans plus tôt ; la table d’orientation offerte par le Touring Club de France le fut en 1908. Il remercie Maurice Massal, qui l’aida dans l’organisation du congrès, et en particulier pour cette rétrospective. Ses remerciements vont aussi à Yves Durand, maire de Valleraugue, et Martin Delord, président de la Communauté de Communes Causses Aigoual Cévennes Terres Solidaires, pour le verre de l’amitié pris en fin de matinée et le prêt de la salle de Prat-Peyrot pour le déjeuner.
Après avoir excusé une douzaine de personnes pour leur absence (Jean-Paul Pourquier, Président du Conseil Général de la Lozère ; le Sous-préfet du Vigan, Gilles Bernard ; le sénateur du Gard, Simon Sutour ; Alain Argilier, maire de Vébron et conseiller-général de la Lozère ; Alain Bertrand, sénateur de la Lozère et maire de Mende ; Marie-Lucy Dumas, présidente du Lien des Chercheurs Cévenols ; Christian Pibarot, maire de Soudorgues ; Christine Bonnard, Sous-préfète de Florac ; Damien Alary, président du Conseil Général du Gard ; Mireille Ponchin, Madeleine Vitry-Martin et Christian Greffeuille), il donne la parole à Yves Durand et à Martin Delord.
Le maire de Valleraugue, Yves Durand, souhaite la bienvenue au sommet, le plus haut point du département du Gard, tout en saluant «la chaleur humaine des participants en contraste avec la fraîcheur de l’extérieur, au sommet de l’Aigoual à la limite des deux départements de la Lozère et du Gard». Il rend hommage à son prédécesseur à la tête de la commune pendant huit mandats consécutifs, Francis Cavalier-Bénézet. Il insiste sur la gestion de son vaste territoire dont font aussi partie L’Espérou et Prat-Peyrot et fait référence aux trente emplois saisonniers créés sur l’Aigoual. Il vante le principal produit de terroir, l’oignon doux des Cévennes, A.O.C. et appellation d’origine protégée, cultivée sur les terrasses ou bancels, au-dessus de la vallée de l’Hérault. Il y a aussi les ovins et les caprins, qui apportent aux agriculteurs un complément financier non négligeable. A ce sujet, il signale l’aide du département, de l’Etat et de l’Europe.
Photo. Pierre VALETTE.
Martin Delord, maire de Trèves, présente la jeune Communauté de Communes Causses Aigoual Cévennes Terres Solidaires et parle de la difficulté à unir deux cantons, l’un caussenard, l’autre cévenol, Trèves et Valleraugue. L’adhésion du canton de Saint-André-de-Valborgne et des communes de Soudorgues et de Lasalle donne un territoire qui a une grande identité et une union qui enrichit ce pays.
L’élu de l’Aigoual se montre optimiste sur l’avenir et sur la requalification du Météosite, insistant sur la réhabilitation du bâtiment, le développement de la perception de cet endroit, qui appartient à un projet à la fois culturel et touristique, et sur la vulgarisation des connaissances climatiques. D’autre part, pour lui, il faut convaincre Météo France de maintenir du personnel sur le site.
Dans le domaine du tourisme, Martin Delord souhaite le développement de l’aspect «Pleine Nature» du site de Prat-Peyrot, l’Aigoual étant apte à recevoir des touristes toute l’année, ce qui permet aux prestataires du tourisme de travailler avec les Communautés de Communes limitrophes et leurs voisins du Pays Viganais et de la région de Ganges.
Après avoir remercié les deux élus pour leur intervention, Patrick Cabanel leur offre l’ouvrage, Lieux de Mémoire des Cévennes, publié chez Alcide.
Deux météorologistes honorés.
Cette année le Club Cévenol honore «deux serviteurs de la République», deux Cévenols ayant travaillé à Météo France. Il s’agit de Christian Rebotier et de Jean Boulet, maire d’Aulas, qui fut directeur de l’Observatoire du Mont Aigoual de 1981 à 2002, «passant plus de 20 ans au service des Cévennes».
Avant de leur remettre la traditionnelle Médaille d’Honneur du Club Cévenol, Patrick Cabanel présente le président de la section de Saint-Jean-du-Gard, Christian Rebotier, organisateur du congrès 2013 à l’Aigoual. Il fut agent Météo France, puis enseignant en instrumentation (du thermomètre au Lidar) à l’Ecole Nationale de Météorologie, une école qu’il connaît bien pour y être entré comme élève en février 1959 ; puis il fut affecté à l’Etablissement d’Etudes et de Recherches Météorologiques en attendant le départ pour l’armée en Algérie en février 1960. A son retour en avril 1962, il fut chargé, sous la direction de Madame Rouleau du CNRS, d’étudier la formation des noyaux glaçogènes (à l’origine de la formation de la grêle). Après des mesures in situ au sommet du Pic du Midi, il découvre l’influence de l’électricité atmosphérique sur le grossissement de ces noyaux. Son manque d’expérience dans la rédaction en anglais d’une publication scientifique le prive de la paternité de cette découverte, celle-ci étant attribuée à un Américain deux ans plus tard. A partir de cette époque, Christian se lance dans l’étude de la mesure et de la formation de l’électricité atmosphérique et de la foudre en mettant au point des instruments de mesure de ces paramètres. A la suite du foudroiement de la fusée Apollo12, le CNES lance un appel d’offre pour l’étude théorique, et sur le terrain, de la foudre sur le site spatial de Kourou en Guyane Française. Christian Rebotier décroche le contrat pour faire les mesures sur le site, où il équipe deux stations, l’une à Kourou, l’autre aux Iles du Salut.
La mesure des paramètres électriques est faite dans le cadre de la biométéorologie à Briançon pour étudier son influence sur les populations asthmatiques. Des mesures similaires sont faites dans les Terres Australes Françaises, mais là notre technicien n’a pas souhaité y aller!!
C’est à la suite de l’abandon du projet «Electricité atmosphérique» en 1985 qu’il fut muté comme enseignant à l’Ecole Nationale de la Météorologie, où il termina sa carrière professionnelle par la gestion des indemnités d’enseignement.
Au Club Cévenol, il est président de la section de Saint-Jean-du-Gard depuis 2002 et fut, de juin 2005 à décembre 2010, président de la Commission d’Action du Club Cévenol sur proposition de Maître Jean-Hugues Carbonnier, alors président du Club Cévenol. A la suite de Catherine Poudevigne-Arnal, il assura pendant plusieurs années la gestion du fichier national, puis celle des gratuits en liaison avec le Conseil d’Administration du Club et, depuis 2010, celle de la section de Marseille. Il est également responsable des anciens numéros de la revue et des publications du Club Cévenol.
Quant à Jean Boulet, le sympathique maire d’Aulas, aux propos toujours teintés d’humour, il appartient, comme l’a si bien dit Patrick Cabanel, à «ces barbus généreux qui défendent les Cévennes, qui se battent pour leur survie et qui généralement ne laissent pas indifférents les gens qu’ils rencontrent».
Comme le signale le président du Club Cévenol, Jean Boulet entre à Météo France en 1958 puis, après plusieurs affectations dans l’hexagone, (dont Paris et l’aéroport de Marignane) revient au «Désert» et à «son Observatoire» dont il fut le directeur de 1981 à 2002.
«Il fut le sauveteur de la station du Mont Aigoual à l’époque où Météo France perdit de son importance». En 1999, dans une interview à l’hebdomadaire Réforme, il déclarait : «L’observatoire de l’Aigoual, pour les Cévenols, c’est un peu comme la Bonne Mère pour les Marseillais. Il fallait qu’une cheminée continue d’y fumer, que la vie de l’homme y soit manifestée 365 jours par an».
En 1990, la station devint la vitrine de Météo-France, grâce à l’action efficace et compétente de Jean Boulet. Il fut l’instigateur de la vulgarisation de la météo à travers brochures, photos, cassettes et vidéos, à l’origine du météosite. Quand il arriva à l’Aigoual, les agents étaient quatre et quand il en est parti, ils étaient neuf! Quant au maire d’Aulas qu’il est devenu, il avait déclaré à l’institutrice du village qu’il était prêt à donner une heure d’instruction civique par mois : « Pas aux enfants, aux parents»!
Réponses des médaillés.
Chaque récipiendaire, dans des styles différents, remercie le Club Cévenol de l’honneur qui lui est fait, en lui attribuant cette médaille d’honneur en reconnaissance de son action au service des Causses et des Cévennes.
Christian Rebotier, très ému, parle de Christian Greffeuille, le facteur de Saint-Jean-du-Gard, qui fut si longtemps un pilier de cette section et du Club Cévenol en général. C’est grâce à lui que Christian Rebotier est entré au Club Cévenol en avril 2000 ; encore lui qui lui a suggéré de reprendre la présidence de la section en 2002 et qui lui a cédé la gestion des publications du Club en 2008.
Ce descendant d’une famille de Cévenols (il a pu en remonter les traces jusqu’en 1559) est très attaché à sa région. Son attention avait été attirée par l’article 1 des statuts du Club Cévenol (voir la page 3 de la couverture de la revue. NDLR), article qui l’inspire encore.
Christian Rebotier a conclu ainsi : «Si ma santé m’y autorise, je continuerai à servir le Club Cévenol encore quelques années, dans les attributions qui sont les miennes. Un grand merci à tous mes amis du Club Cévenol».
Pat Valette, Olivier Gauch, Jean Boulet, Christian Rebotier, Patrick Cabanel, Martin Delord. -Photo : Jean PEY.
Très honoré par cette médaille de reconnaissance, Jean Boulet associe ses collègues du Météosite du Mont Aigoual qui ont travaillé avec lui et remercie le Club Cévenol pour cette distinction.
Il rappelle brièvement la longue histoire du Météosite depuis ses origines et insiste sur le combat continuel pour conserver la Station. Il rend aussi hommage à tous ceux qui travaillent pour ce pays de l’Aigoual, aux gens de terrain, aux bergers et déclare : «Il faut se battre et manifester pour faire passer quelques idées. Il faut le faire avec la Communauté de Communes Causses, Cévennes, Aigoual Terres Solidaires».
Rapport moral par Jean-Luc Bonniol.
Nous voici donc en cette journée au sommet de l’Aigoual, le père des eaux, cette montagne que l’on peut qualifier de sacrée tant elle symbolise une sublime élévation entre Causses et Cévennes ; son beau nom, aux sonorités fluides, y invite : c’est ainsi que je l’entendais dans mon enfance, lorsqu’on l’évoquait comme but privilégié de ce qu’on appelait alors une excursion (une élévation que j’ai éprouvée un jour dans mes muscles, lors d’une balade en vélo de Millau à Saint-Jean-du-Gard…).… Célèbre par ses excès météorologiques (deux mètres de pluie par an, 240 jours de brouillard – on pourrait aussi l’appeler l’Antarctique de la France méridionale : la station de l’observatoire n’a-t-elle pas une parenté avec la base française de la Terre Adélie?), par lui passe la ligne de partage des eaux : que l’on songe au destin d’une goutte d’eau qui doit choisir entre la Dourbie et l’Hérault… Elle a le choix entre suivre la pente douce du plateau de l’Espérou vers le lointain Atlantique, ne commençant à s’enfoncer dans une gorge qu’après quelques kilomètres, ou bien dévaler (notamment à travers les cascades d’Orgon et le ruisseau du Coudoulous), de près de 1000 m en 10 km, du fait de la proximité du niveau de base méditerranéen. Les géomorphologues pourraient dire qu’il y a de la capture dans l’air… Mais avant que l’Hérault ne capture la Dourbie, nous avons encore un peu de temps devant nous! Que l’on ne fasse toutefois pas de cette limite une frontière : le massif est un, et c’est à un panorama global que l’on accède lorsqu’on parvient au sommet. Ainsi s’expriment Félix et Thomas Platter dans leurs Notes de voyage de deux étudiants bâlois : «Enfin, à midi nous arrivâmes au sommet, occupé par un immense pâturage […]. De ce point […] la vue s’étend au loin sur toutes les Sévennes, auxquelles nos monts du Valais sont seuls comparables, et jusqu’aux montagnes de l’Auvergne […]. Nous ne pouvions nous lasser d’admirer le panorama».
Par temps clair, on sait qu’il est possible d’observer la Mer Méditerranée au sud, les Alpes à l’est (Mont Ventoux), la barre massive du Mont Lozère au nord, la houle des Grands Causses, la chaîne des Pyrénées au sud-ouest (Pic du Canigou) dans un rayon pouvant atteindre 300 kilomètres, ce qui en fait vraisemblablement l’un des panoramas les plus impressionnants de France.
Mais ce n’est pas qu’un lieu remarquable par sa géographie. C’est aussi un lieu chargé d’Histoire et de légendes, comme pouvait l’évoquer André Chamson : «Enfant, j’ai trouvé dans cette montagne, dans ce haut massif de l’Aigoual, ce que d’autres enfants demandent aux récits d’aventure, aux histoires guerrières : la présence d’un monde héroïque et fabuleux». C’est là qu’il situe l’histoire du camisard Castanet, chef de guerre des brigades de montagnes et prophète inspiré de la solitude, et c’est là qu’il a choisi de reposer, sur la Serre de la Lusette, dans sa dernière demeure terrestre. Sa situation médiane et élevée en fait donc un point d’observation stratégique de notre territoire, celui des Causses et des Cévennes, et c’est donc de cette position que je voudrais aujourd’hui prononcer ce rapport moral, exercice obligé de tout congrès…
Je voudrais l’ouvrir en évoquant un paradoxe paysager, autour de la place de l’arbre dans le paysage, en rendant un hommage spécial aux deux grands hommes de l’Aigoual, Georges Fabre et Charles Flahaut, les artisans du reboisement du massif. Georges Fabre, le forestier, qui démontra notamment qu’une partie de l’ensablement du port de Bordeaux venait de la terre arrachée par les pluies dans le massif de l’Aigoual, ce qui l’aida à obtenir le financement nécessaire. Charles Flahault, le botaniste de Montpellier qui l’aida dans cette tâche, sélectionnant les essences les plus adaptées au projet. Cette forêt de l’Aigoual, qui semble là de toute éternité, est donc en fait une forêt artificielle et jeune, entièrement le fruit d’un projet humain, qui n’a même pas un siècle et demi… Projet remarquable et nécessaire, comme le contre-exemple d’un pays que je connais bien, Haïti, entièrement déboisé, l’a malheureusement démontré, à travers des catastrophes à répétition. Mais cela ne se fit pas sans opposition : cela provoqua notamment l’hostilité des bergers de la région, qui craignaient de perdre leurs pâturages, n’hésitant pas à mettre le feu aux jeunes arbres… En 2007, un documentaire-fiction, réalisé par Marc Khanne, Aigoual, la forêt retrouvée, a retracé cette épopée (il vient de réaliser un autre film, Bergers de l’Aigoual, sur les éleveurs des Causses et des Cévennes). C’est là que l’on est au cœur d’une contradiction, entre les nécessités de la production et la restauration d’équilibres menacés : sur l’Aigoual, c’est l’arbre qui l’a emporté, avec la création d’une nouvelle nature. Mais aujourd’hui, sur les Causses voisins, il semble que soit livrée aujourd’hui une bataille à front renversé… L’arbre devient l’envahisseur, du fait de la déprise pastorale qui favorise l’envahissement des ligneux : la fermeture du paysage par l’enforestation spontanée apparaît comme le péril majeur menaçant le maintien de la pelouse sèche, dont on sait qu’elle est le résultat d’une pratique agro-pastorale millénaire, aujourd’hui promue au Patrimoine Mondial de l’Humanité… Contradictions que nous retrouvons, dans un autre registre, avec le retour du loup dans nos espaces, entre volonté d’assurer la préservation d’une espèce menacée et l’exigence de la sauvegarde dans ces mêmes espaces d’une activité agro-pastorale. Jeudi dernier s’est tenue à Millau une réunion importante sur le sujet, organisée par la Confédération Paysanne, autour de la projection d’un film, Eleveurs : les morsures invisibles, sous la bannière du slogan «Sauvons l’élevage», atour d’une question centrale : «veut-on voir les troupeaux de brebis disparaître de nos paysages?» (en lien notamment avec les attaques récentes sur le Mont Lozère). José Bové, député européen d’un parti dont l’appellation fait référence à l’écologie, était présent : là encore se profile une bataille à front renversé, entre une écologie des villes, hors-sol, et une écologie des champs… Mais nous sommes, au Club Cévenol, familiers de ce genre de contradictions, telle celle, fondatrice, qui nous prend en tenaille entre le désir d’assurer le maintien de la vie productive d’un territoire, notamment à travers le tourisme, et la volonté d’en assurer la conservation et d’en garantir l’authenticité… L’avenir reste toujours imprévisible : qui aurait pu dire qu’un jour la culture de l’oignon serait la nouvelle richesse des Cévennes?
Un temps fort de cette année (auquel a participé le Club Cévenol qui, rappelons-le, est sans doute la plus ancienne société de spéléologie de France), qui a trait à l’une des spécificités les plus remarquables de notre contrée, ce qu’Onésime Reclus appelait si joliment les Amériques ténébreuses, a marqué Millau au mois de mai dernier : la tenue du cinquantième anniversaire de la Fédération Française de Spéléologie depuis sa création dans la même ville en 1963. Le temps n’était guère de la partie, ce qui n’a pas empêché l’installation d’une tyrolienne géante, entre le Larzac et Causse Noir, de 2205 m… Un hommage particulier a été rendu à Jacques Rouire, disparu en 2009. Henri Salvayre, qui fêtait ses 50 ans de licence, a pu dédicacer son ouvrage Entre Vis et Sorgues, paru en 2012. J’exprimerai simplement un regret : celui d’avoir constaté que l’unité des spéléologues caussenards et cévenols a été rompue, du fait de leur rattachement à des comités régionaux différents. Dommage de se plier ainsi aux frontières administratives, surtout lorsque l’on sait que l’une des plus extraordinaires cavités caussenardes, l’Aven Noir, court sur des kilomètres sous terre entre l’Aveyron et le Gard
L’année qui vient de s’écouler a été particulièrement prolifique dans la production d’ouvrages de la part des membres du Club Cévenol. Mentionnons au premier chef, puisque nous sommes sur l’Aigoual, l’ouvrage collectif édité par un quatuor, dans lequel figurent Daniel André et Philippe Chambon, L’Aigoual à saute mouton, ouvrage remarquablement illustré et informé, dont l’apport va se révéler considérable. Je veux également mentionner, même si son sujet est général, mais ô combien capital, le dernier ouvrage de notre ancien président, Philippe Joutard, Histoire et mémoires. Conflit et alliances, qui fait le point sur un sujet difficile, mais central pour les enjeux intellectuels (et identitaires…) de notre époque. Un mot enfin sur le livre princeps de Patrick Cabanel, paru juste avant notre dernier congrès, Histoire des protestants de France, synthèse majeure intégrant l’avancée du savoir, après celle d’Emile-Guillaume Léonard, qui date de plus d’un demi-siècle. Nous avons pu, ce mois d’août, réentendre Patrick Cabanel sur France Inter, dans l’émission La marche de l’histoire. Ajoutons, dans ce domaine de la production historique, le numéro spécial de Causses et Cévennes du début de l’année consacré à la Résistance, en hommage à Jacques Poujol. Des Camisards aux Maquisards, il n’y a pas qu’une proximité phonétique. Souvenons-nous de cette parole de Jean-Pierre Chabrol : seul le maquis m’a appris la Cévenne…
Le Bien Causses et Cévennes, inscrit au Patrimoine Mondial autour du thème de l’agro-pastoralisme (en oubliant au passage l’histoire protestante, au grand dam de certains Cévenols : je renvoie à l’article de Patrick Cabanel qui vient de paraître dans la revue Midi-Pyrénées patrimoine et qui a provoqué pas mal de remous…), commence à se doter d’une certaine réalité : nous pouvons désormais disposer de la première carte touristique de notre territoire et du premier fascicule touristique qui lui est spécifiquement dédié. Un prochain numéro de notre revue portera sur cette inscription.
Je voudrais terminer mon propos par une rubrique inhabituelle : je veux parler d’une vocation qui me semble se dessiner pour les espaces caussenards et cévenols, du fait de leur sublime beauté, une vocation cinématographique. Souvenons-nous du Molière d’Ariane Mnouchkine, et de ses roulottes de comédiens poussées par le vent du Larzac… Deux films récents me paraissent particulièrement représentatifs de cette vocation. D’abord celui intitulé Les chants de Mandrin (2012) de Rabah Ameur-Zaïmeche, avec Jacques Nolot et le philosophe Jean-Luc Nancy, brodant sur le thème de la révolte et des brigands redresseurs de tort. Mais surtout le chef d’œuvre du cinéaste exigeant Arnaud des Pallières, Michel Kohlaas, tiré d’un roman allemand du début du XIXe siècle d’Heinrich Von Kleist, transposé dans les Cévennes protestantes du XVIe siècle, avec l’acteur danois Mads Mikkelsen, prodigieux de puissance brute, et, là encore, dans un rôle mineur, Jacques Nolot, qui vient de sortir au mois d’août. Il s’agit là encore d’une révolte, menée par un marchand de chevaux victime d’une injustice. Parabole philosophique majeure, sur une quête de justice, sur l’exigence de réparation et ses dégâts collatéraux, avec l’excès qui guette toute vengeance, souligné dans un dialogue magistral entre le marchand et un prédicateur protestant, interprété par Denis Lavant (l’essentiel de son discours correspond à des citations de lettres de Luther, qui plaide contre la révolution des paysans pour sécuriser sa Réforme). Les Cévennes et le Causse sont remarquablement photographiés, avec des lumières naturelles très contrastées, parfois très sombres, suscitant des moments véritablement magiques. Comme l’affirme lui-même Arnaud des Pallières, le film a été écrit pour cet endroit, prenant en compte non seulement le paysage, mais aussi son histoire religieuse et politique. Je voudrais également signaler la sortie en DVD du film L’épine dans le cœur du grand réalisateur Michel Gondry (dont j’avais déjà remarqué le talent dans son premier film, Human Nature, et qui vient d’adapter au cinéma L’Ecume des jours de Boris Vian). Il revient d’Hollywood vers les terres de son enfance pour un portrait de sa tante Suzette, ancienne institutrice qui a sillonné les écoles des Cévennes de 1952 à 1986. En retraçant le parcours de cette femme aux projets pédagogiques avant-gardistes, Gondry revient sur une histoire familiale parfois douloureuse, à la fois banale et magnifique. Film bouleversant, dans tous les sens du terme : je vous renvoie à la belle critique qu’en a faite Patrick Cabanel dans le dernier numéro de Causses et Cévennes. Remarquons au passage que le film déjà ancien de René Allio, Les Camisards, n’existe pas en DVD. Il y aurait là, me semble-t-il, une action à mener pour notre Club, qui pourrait assurer une nouvelle jeunesse à cette œuvre majeure. Et, puisque nous sommes dans le chapitre du cinéma, je voudrais évoquer la disparition de Bernadette Lafont, la belle effrontée, l’une des camarades d’enfance, si mes informations sont exactes, de notre président Philippe Joutard, inhumée cet été dans le caveau familial du Mas de la Serre du Pomaret à Saint-André-de-Valborgne, notre «fiancée cévenole», comme l’a si bien dénommée Midi Libre le jour de son décès, et saluer son courage lorsque sa fille Pauline a disparu dans la sauvagerie cévenole (elle n’a été retrouvée que quelques mois plus tard au fond d’un ravin), car la Cévenne peut aussi se montrer cruelle…
«Je vous écris du plus vilain pays du monde» a pu un jour noter l’intendant Bâville dans une de ses lettres, confronté aux Camisards insaisissables dans leurs montagnes escarpées. Cette parole négative nous invite à réfléchir a contrario sur ce qu’est une identité locale, et l’attachement à un lieu, qui ne peut être fondé sur la seule rationalité. Certes nous savons que les codes esthétiques d’appréhension du paysage ont changé depuis le début du XVIIIe siècle. Mais il me semble que l’identité caussenarde et cévenole est portée par bien d’autres valeurs, que l’on peut illustrer par ce beau mot qu’est résister… L’existence même de notre Club en témoigne : espérons que, par sa pérennité même, et par la fidélité collective à nos montagnes dont il témoigne, nous pourrons continuer, année après année, à contredire inlassablement l’intendant Bâville.
Lors de l’apéritif offert par la Communauté des Communes Causses Aigoual Cévennes Terres Solidaires. – Photo : Jean PEY.
Rapport financier par Olivier Gauch.
Le bilan au 31.12.2012 se solde par un résultat net positif de 2.457 €.
A l’actif du bilan, le montant des immobilisations après amortissements est de 805 €. Les valeurs de placements et les disponibilités s’élèvent à 152.488 €.
Au passif, la situation nette est de 152.125 €, et les dettes fournisseurs sont de 1.129 €.
Le compte d’exploitation pour l’exercice 2012 fait ressortir un chiffre d’affaires encaissé de 24.750 €, soit une diminution des encaissements de 15% sur 1 an.
Les charges courantes sont en baisse de 6.152 € pour s’établir à 31.176 €.
Il en résulte un résultat d’exploitation en déficit de 6.426 €.
Cette perte est compensée par un résultat financier exceptionnel sur cet exercice de 6.282 € dégagé par la comptabilisation de plus-values sur les sicav monétaires anciennement détenues et placées dorénavant dans des comptes à terme.
Pour compléter ces chiffres, le résultat des sections pour l’exercice dégage un produit exceptionnel de 2.601 €.
En conclusion, et alors que les charges courantes du Club Cévenol sont peu ou prou incompressibles, l’équilibre de l’exploitation ne peut être retrouvé que par l’augmentation des abonnements souscrits, en valeur mais aussi en nombre.
Commission d’Action.
Rémi Noël, le président de cette commission, étant retenu par d’autres obligations, il est simplement rappelé que la prochaine réunion aura lieu le dimanche 27 octobre 2013 en partie au Luc Haut et au Luc Bas, Causse de Campestre (à partir de 9h pour l’accueil et une visite d’une métairie templière) et en partie (à partir de 10h30 pour les travaux et le repas, ainsi que la visite de l’après-midi au Musée des Automates à Sauclières. Le thème central sera «L’occitan, notre patrimoine».
Rapport de la revue par Pat Valette.
Le n°4.13 sera consacré au congrès de l’Aigoual et à d’autres articles qui n’ont pas trouvé place dans les numéros à thème de cette année. Nous avons voté en C.A. de garder «miscellanées» et non «mélanges», mot que certains lecteurs auraient préféré voir dans Causses & Cévennes… Les sujets retenus pour 2014 sont : n°1 Comment valoriser l’inscription des Causses et des Cévennes au Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’UNESCO ; n°2 Florac, lieu du 114e congrès ; n°3 Les religions en Cévennes ; n°4 Le congrès de Florac et miscellanées.
Renouvellement des membres du Conseil d’Administration du Club Cévenol
Sont renouvelés comme membres du C.A. : Claude Milan, William Rouger, Serge Pratlong, Jean-François Holthof, Olivier Gauch, Rémi Noël, David Raydon, François Rouveyrol.
Questions diverses
Patrick Cabanel annonce l’augmentation du prix de la revue, qui passera en 2014 de 6 à 7 euros le numéro et de 18 à 20 euros pour l’abonnement annuel. Les abonnés trouveront les nouveaux tarifs que pratiqueront les sections dès janvier 2014 sur la page 1 de l’Encart dans ce numéro de Causses et Cévennes. Puis il donne la parole à l’assistance.
Suite à une observation dans le rapport moral de Jean-Luc Bonniol sur les différentes sociétés de spéléologie, Michel Wienin souligne les relations inter-départementales entretenues par les spéléologues des quatre départements des Causses et des Cévennes, qui travaillent tous ensemble.
Eric Diot lors de la visite du Météosite. Photo : Pierre VALETTE.
Les membres de la section de Mazamet regrettent le chevauchement de la date du congrès cette année et celle de la date de l’Assemblée du Musée du Désert, mais se réjouissent d’avoir pu retrouver le Club Cévenol au sommet de l’Aigoual.
Philippe Chambon présente le livre collectif L’Aigoual à saute-mouton et salue ses co-auteurs, dont le doyen, Paul Loupiac, constate avec humour que «en montant à l’Aigoual pour le congrès, je n’ai vu que des vaches et point de moutons!» et il ajoute « Cet ouvrage est une ouverture dans tous les milieux. Il m’a permis de travailler avec des jeunes!».
Pat Valette rend hommage au travail du compétent maquettiste de la revue, Claude George, que l’assemblée applaudit.
Jean-René Arnal, petit-neveu du fondateur du Club Cévenol, trouve qu’il y a trop de traits d’union dans la liste des membres du CA dans la revue. Il souhaite le déplacement de panneaux routiers situés trop près de la plaque signalant la maison de son grand-oncle à Florac. De plus, la plaque est noircie et devrait être nettoyée. Cela sera signalé à la mairie de Florac.
Marc Lemonnier (section de Barre-des-Cévennes) demande où en est la numérisation de la revue. Patrick Cabanel, qui s’en était chargé, répond qu’il plaide coupable : il n’a pas réussi à suivre le dossier jusqu’au bout, mais s’engage à relancer l’entreprise dès le début de l’automne.
Martine Daure (section du Vigan) demande ce qui a été fait à la suite de la réunion de la Commission d’Action au Vigan sur le gaz de schiste. Le président de cette commission étant absent, cette question lui sera posée ultérieurement.
Jean-Claude Martin (Alès) demande ce qu’il est possible de faire pour rétablir les béals, «un système archaïque qui a fait ses preuves», qui appartiennent au patrimoine de pays.
Pierre Mourier (Saint-Jean-du-Bruel) parle de la disparition des chaussées et donc des béals.
La question du transfert du film Les Camisards en DVD est abordée. Gérard Dupuis dit que ce n’est pas une opération coûteuse, mais qu’il est difficile d’avoir l’autorisation de l’auteur du VHS. Daniel Travier dit que ce n’est pas une question de coût du transfert, mais un problème de droit. G. Dupuis reprendre la parole pour rappeler l’existence du blog du Club Cévenol, à la disposition des membres des différentes sections.
Patrick Cabanel signale la présence de Laurence Dayet, directrice adjointe du Parc National des Cévennes, puis donne rendez-vous aux participants au congrès de Florac en 2014 pour les 120 ans du Club Cévenol : «nous y étions pour les 100 ans».
Un ouvrage sur l’histoire du Club Cévenol paraîtra au mois d’août 2014.
Après avoir annoncé la prochaine parution d’un ouvrage tiré du colloque d’Anduze sur «Les nouvelles populations des Cévennes au XXe siècle», et intitulé désormais Les Cévennes au XXIe siècle. Une renaissance? (une coédition Club Cévenol/Alcide), Patrick Cabanel clôt l’assemblée générale sur une note d’espoir. Il a foi en l’avenir du Club Cévenol, et des Cévennes et des Causses.
L’apéritif offert par la Communauté des Communes Causses Aigoual Cévennes Terres Solidaires est servi dehors à l’abri du vent et sous un ciel parfaitement dégagé.
Visite du Météosite
Après le très copieux repas préparé et servi par un traiteur à la salle de restauration de Prat-Peyrot, les participants se rendent au Météosite, qu’ils visitent sous la conduite d’Eric Diot, auteur du livre La Météo de A à Z. Il leur parle des prévisions météorologiques devant la traditionnelle carte murale (télévisée) du climat et des phénomènes climatiques relatifs à l’Aigoual. La séance est prolongée par les très nombreuses questions posées par un auditoire captivé.
Pierre VALETTE.
La cabane de Georges Fabre à l’Hort de Dieu. – Photo : Martin Trouchaud.
Randonnée le dimanche 1er septembre.
La balade commence à quelques pas de Prat-Peyrot et de la stèle de Georges Fabre. Ce premier septembre, la visite de l’Arboretum de l’Hort de Dieu est prévue avec Gaël Karczewski, garde-moniteur au Parc National des Cévennes. Après quelques mots sur le site et sur le rôle du Parc, le petit groupe de 23 personnes prend le chemin qui mène à l’Observatoire, au sommet, via une portion des célèbres 4000 marches. Sur la route, près de six heures de découvertes, de superbes paysages, de débats, d’anecdotes.
La forêt : elle vient des expérimentations de Flahaut et de Fabre pour reboiser l’Aigoual. Leur idée était de remédier ainsi à l’érosion. Ils avaient d’ailleurs convaincu les pouvoirs publics en démontrant que l’ensablement du port de Bordeaux venait des Cévennes… Les essences sont regroupées en fonction de leur continent d’origine. Objectif : trouver les essences qui pourront pousser rapidement et s’acclimater au mieux afin de laisser aux hêtres, qui ne se plaisent qu’à l’ombre, le temps de reprendre leur place.
Cernes d’accroissement, arbres à loges… chacun enrichit ses connaissances en botanique. Au détour d’un chemin, on croise une renouée du Japon et c’est l’occasion d’aborder avec ce professionnel la problématique des plantes invasives. Et plus d’un de citer une plante contre laquelle il a lutté dans son jardin (bambou, robinier faux-acacia etc.). Le garde évoque aussi la présence des écrevisses américaines dans le Vallon de l’Hort, qui prolifèrent aux dépens de l’autochtone écrevisse à pattes blanches, sans que les scientifiques n’aient trouvé de réelle solution.
On apprend aussi tout l’intérêt qu’ont les techniciens du Parc pour la chouette de Tengmalm. Elle bénéficie d’un protocole particulier : repérage des mâles chanteurs dans les arbres à loges au printemps, puis comptage des œufs à l’automne. Savez-vous que le Pic noir peut creuser le tronc d’un arbre sur plusieurs mètres sans pour autant le mettre en péril?
De l’un des nombreux belvédères qui donnent sur les vallées, on saisit le vol majestueux d’un circaète Jean-le-Blanc, mangeur de serpents. Il rôde dans l’espace de l’aigle royal qu’on ne verra pas aujourd’hui, car s’il était là, il aurait déjà fondu sur le circaète pour protéger son territoire.
Du côté des mammifères le groupe est moins chanceux : on croit apercevoir un mouflon sur un versant… ce n’est finalement qu’une brebis!
L’arrivée au sommet, plus dégagé que la veille, nous offre une vue splendide, de la Barre de Montals, du Pic Saint-Loup, et même de la Méditerranée.
Photos de Martin TROUCHAUD, texte de Marie-Mélaine BERTHELOT.
L’arrivée à l’Observatoire. -Photo : Martin TROUCHAUD.)