L’école «Adrienne Durand-Tullou»
Qui n’a pas connu ou entendu parler d’Adrienne Durand-Tullou, l’institutrice de Rogues, l’auteur du Pays des Asphodèles, la «Dame du Causse», archéologue, ethnologue et passionnée de botanique et d’architecture vernaculaire?
On a donné le nom d’Adrienne, le 30 juin dernier, à l’école primaire d’Alzon, village gardois aux confins de l’Aveyron, des Causses et des Cévennes, lequel, avec ses 23 élèves, dont 12 du cours élémentaire, fêtait ses cent ans d’existence.Et ce sont ces douze élèves eux-mêmes qui ont réalisé, sous la direction de Julie Baudot, la fresque que l’on peut voir sur le mur de l’école.
Si Adrienne Durand-Tullou, qui nous a quittés il y a une douzaine d’années, a exercé à Rogues sur le Causse de Blandas, elle a beaucoup écrit sur la région d’Alzon et c’est la raison pour laquelle l’école locale a été choisie pour porter le nom de l’institutrice, qui devint par la suite docteur en ethnologie.
On sait que l’action de son roman publié en 1991, Les Seigneurs de la Terre, se passe à Alzon et qu’elle y décrit l’histoire d’une famille, les Arnal du Curel, dont 600 lettres furent découvertes aux Archives Départementales du Gard.
D’autre part, elle a écrit sur le culte de Saint Guiral, tout proche d’Alzon, et sur La Vis, une étrange rivière, qui traverse le village.
Arrivée sur le Causse en 1938, elle y exerça jusqu’en 1970. Elle fut membre correspondant de l’Académie de Nîmes et Grande Médaille du Club Cévenol en 1977.Plus de 300 personnes, quelquefois costumées en habit du début du siècle dernier, ont participé à cette journée. Le maire de la commune, Roger Laurens, était accompagné de l’actuelle directrice de l’école, Madame Chantal Hussong.
Le matin sous la direction de leur institutrice, les enfants de l’établissement scolaire ont présenté des chants accompagnés à la guitare par M. Hussong et des jeux ou des danses de l’époque.
Ils avaient auparavant bien travaillé en préparant une très belle exposition sur la vie scolaire et les traditions locales, comme celle du Pétassou, carnaval et fête des gens du textile qui se tient à Trèves, le jour de la Saint-Blaise.Ils avaient aussi beaucoup travaillé pendant l’année sur les domaines étudiés et abordés par la «Dame du Causse» – botanique, architecture vernaculaire (pierre sèche), histoire locale – et sur Adrienne, auteur d’une thèse de doctorat, Un milieu de civilisation traditionnelle : le Causse de Blandas, soutenue en 1959 à Montpellier.
De nombreux anciens élèves de l’institutrice caussenarde prirent part à la journée, qui se termina par un repas de 250 convives, préparé par Détente Loisirs, une des nombreuses associations avec celle des parents d’élèves, qui participa de façon remarquable à l’organisation de cette journée commémorative.
Signalons aussi la très belle exposition, présentée dans la Salle des Fêtes par François Courtin, sur l’école au début du siècle dernier, avec un pupitre et son encrier traditionnel, des livres scolaires et des fournitures et photos de l’époque. Des photos d’anciens élèves permirent à des habitants plus âgés de se reconnaître, du temps où ils fréquentaient l’école locale.
On eut même le plaisir d’entendre la voix d’Adrienne, un enregistrement radiophonique sur France Culture, enregistré par Alain Riols, un proche d’Adrienne, présent aux côtés de Christophe Durand, petit-fils d’Adrienne, d’André Lacroix et de son épouse Marie-Odile, de Martine Brun ( une des principales chevilles ouvrières de la manifestation), des archéologues Albert Colomer et Philippe Galant, de Jean-Marc Cambessedès, de Pat Valette, qui avait remplacé Adrienne à la présidence de la Section Viganaise du Club Cévenol, tous des amis d’Adrienne… sans oublier la présence des élus locaux , les conseillers généraux Laurent Pons et Eric Doulcier, Roland Canayer, président de la Communauté de Communes du Pays Viganais.
Claude Seignolle, l’auteur, grand ami d’Adrienne, a dû décliner l’invitation à cause de son grand âge (95 ans) et son éloignement (il habite Paris), mais a tenu à inviter 15 personnes âgées de la commune au repas, en envoyant un chèque de 150 € aux organisateurs.
Texte et photos Pierre VALETTE